CHAPITRE TRENTE-TROIS

Darius avait déjà mis pied à terre et aidait les Jumelles et Aphrodite à descendre. Damien, lui, ne l’avait pas attendu pour venir se planter à mon

côté.

— Prêtresse, dit Darius à sœur Marie Angela, n’auriez-vous pas des armes à feu dans l’abbaye, par hasard ?

Elle éclata d’un rire qui aurait pu paraître déplacé, étant donné les circonstances, mais qui me fit un bien fou.

— Oh, mon garçon, bien sûr que non !

— Nous ne sommes pas assez nombreux pour les combattre, mais il nous reste le cercle, déclara Darius en examinant les arbres chargés d’hommes-oiseaux. Si vous vous enfermez à l’intérieur, vous ne risquez rien.

Il avait raison : notre cercle était intact. Quoique distendu, le fil argenté qui nous reliait les uns aux autres n’avait pas cédé.

— Moi, je vais courir à la Maison de la Nuit pour ramener des renforts, continua-t-il.

Son désespoir ne m’échappa pas. Quels renforts ? Tous ses frères, sauf un, avaient disparu. Dragon avait beau manier l’épée comme un dieu, il ne ferait pas le poids contre ces créatures : tous les arbres bordant la 21e rue au niveau de l’abbaye grinçaient sous leur poids. Certains, affaiblis, cédaient déjà. Le bruit des branches qui se cassaient dans un craquement sinistre rivalisait d’horreur avec les croassements railleurs.

— Hé, j’ai comme impression que vous avez besoin d’un coup de main, par ici.

Lucie ! De toute ma vie, je n’avais été aussi ravie d’entendre la voix de quelqu’un. Je la serrai contre moi, me moquant bien des secrets qu’elle me cachait tant j’étais heureuse qu’elle soit saine et sauve.

Les novices rouges apparurent à leur tour.

— Sont pas belles à voir, ces bestioles-là, grimaça Kramisha.

— On va les dégommer ! lança Johnny B. en gonflant le torse.

— Ils sont moches, mais pour l’instant ils ne font rien d’autre que nous regarder, fit remarquer une voix familière.

— Erik ! m’écriai-je.

Lucie me relâcha, et Erik m’attira dans ses bras.

Il y eut un mouvement confus sur ma droite, et Jack se jeta au cou de Damien.

Je regardai Erik. J’aurais tant aimé que tout soit plus simple entre nous ! L’espace d’un instant, je regrettai qu’il n’y ait pas que lui et moi – sans Stark, sans Kalona, sans Heath…

— Et Heath ? demandai-je en me dégageant.

Il soupira et désigna l’abbaye du menton.

— Il est à l’intérieur. Il va bien.

Gênée, je lui fis un sourire penaud. Darius s’approcha de nous, me sortant de l’embarras.

— Zœy, Kalona ne va pas tarder à arriver. Si ces créatures n’attaquent pas, c’est parce que nous n’essayons plus de fuir. Ils se contentent de monter la garde. N’oublie pas ta mission.

Je me tournai vers la religieuse.

— Kalona va venir. C’est l’immortel dont je vous ai parlé.

— Oui, l’ange déchu.

— Et vous vous rappelez ce que je vous ai dit sur notre grande prêtresse ? Eh bien, c’est encore pire que ce que je craignais, et je suis sûre qu’elle va l’accompagner. Ils sont aussi dangereux l’un que l’autre.

— Je comprends.

— On ne peut pas le tuer, mais je crois savoir comment le chasser. Avec un peu de chance, Neferet le suivra. Je vais avoir besoin de votre aide.

— Tout ce que j’ai t’appartient.

— Bien. Ce qu’il me faut, c’est vous, déclarai-je, avant de m’adresser à Lucie. Et toi.

— Et moi, dit Aphrodite en s’avançant d’un pas.

— J’ai aussi besoin de Grand-mère. Je sais que ça va être dur pour elle, mais il faut qu’elle nous rejoigne à l’endroit d’où émane la puissance que je ressens autour de nous.

— Kramisha, mon enfant, pourrais-tu aller chercher la grand-mère de Zœy ? demanda la nonne avant de désigner un point derrière nous, sur le côté. La grotte de Marie est le siège de notre pouvoir.

Je me tournai et poussai un cri de surprise : comment avais-je pu ne pas la remarquer ? Je n’avais jamais vu une grotte artificielle aussi grande. Elle était bâtie avec de gros blocs de grès de la région, s’encastrant parfaitement les uns dans les autres. Sa forme me rappela des photographies des théâtres antiques en plein air.

A l’intérieur, il y avait plusieurs saillies, sur lesquelles étaient posées des bougies qui éclairaient l’endroit d’une lumière dansante. Au fond trônait une très belle statue de Marie. Le visage serein, en prière, elle souriait en regardant vers le ciel.

J’examinai son visage de plus près, et mon cœur s’emballa. Je la reconnaissais, et pour cause ! Elle m’était apparue quelques jours plus tôt sous les traits de ma déesse.

— Je ressens la force de cet endroit, murmura Aphrodite.

— Waouh ! Cette statue est super jolie, souffla Jack.

— Regardez-moi cette allée ! C’est parfait ! s’exclama Lucie.

Je baissai les yeux. L’allée qui menait au monument dessinait un cercle devant la grotte.

— Parfait, c’est exact, confirmai-je.

— Que veux-tu que nous fassions, Zœy ? demanda sœur Marie Angela.

Le rugissement d’un véhicule m’empêcha de lui répondre.

Le gros Hummer noir, celui que nous avions pris pour retourner à l’école, quitta la route et franchit le fossé, puis se fraya un chemin entre les arbres, les Corbeaux

Moqueurs se mirent à battre frénétiquement des ailes et à croasser.

— Ma sœur, restez près de moi. Lucie et Aphrodite, vous aussi.

— Nous sommes là, dit Aphrodite tandis qu’Erik et Darius venaient se placer à mes côtés.

— J’ai besoin de Grand-mère, répétai-je.

— Elle arrive, me rassura la nonne. Ne crains rien.

Le Hummer s’arrêta dans un dérapage, si près des chevaux qu’ils s’ébrouèrent et reculèrent, effrayés. Les portes s’ouvrirent et Kalona et Neferet sautèrent à terre.

Elle était vêtue d’une robe en soie noire qui balayait le sol et dont le décolleté plongeant révélait les ailes en onyx pendues à une chaîne entre ses seins. Une aura sombre palpitait autour d’elle, agitant ses cheveux épais.

— Bon sang ! murmura Aphrodite.

Kalona portait un pantalon noir et était torse nu. Alors qu’il s’éloignait du véhicule, ses ailes frémirent et s’ouvrirent légèrement, laissant deviner leur splendeur.

— Oh, douce Marie ! souffla sœur Marie Angela.

— Ne le regardez pas dans les yeux ! lui conseillai-je. Il a un effet hypnotique sur les gens. Ne vous faites pas avoir !

Elle l’étudia un moment.

— Non, il me fait juste pitié. Il est tombé bien bas, ça ne fait aucun doute.

— Quel âge a-t-il, d’après vous ?

— Il est très vieux. Plus vieux que la terre.

Je n’eus pas le temps de poursuivre. Le conducteur du Hummer est sorti à son tour. C’était Stark. Il chercha immédiatement mon regard et inclina la tête de façon à peine perceptible.

Lucie se figea ; les novices rouges s’agitèrent derrière elle.

— C’est bien lui qui m’a tiré dessus ? chuchota mon amie.

— Oui.

— Il s’est transformé ! C’est un vampire rouge.

— Et un foutu rat, marmonna Aphrodite. Oups ! Désolée, ma sœur.

— Ne lui fais pas confiance, Zœy, dit Darius. Tu vois bien qu’il a décidé de les servir.

— Darius, fis-je avec sévérité sans le regarder. Tu dois te fier à moi, et par là même, à mon jugement.

— Parfois, tu t’égares, me rappela Erin.

— Pas quand j’écoute Nyx.

— L’entends-tu en ce moment ? voulut savoir Shaunee.

Je dévisageai Stark. Il n’y avait aucune trace d’obscurité autour de lui, et son regard tranquille soutenait le mien.

— Absolument, répondis-je. Venez, on va former le cercle.

Les Jumelles et Damien prirent aussitôt position sur le rond en ciment, imités par Aphrodite, Lucie et sœur Marie Angela.

— Tu ne tiendras pas longtemps ! railla Kalona en s’avançant vers nous. Moi, au contraire, je peux te poursuivre toute l’éternité.

— Mes novices ! intervint Neferet. toujours aussi belle et calme. A cause de l’ambition démesurée de Zœy, vous vous êtes retrouvés dans une situation périlleuse. Néanmoins, pour vous, il n’est pas trop tard. Il vous suffit de la renier, de briser le cercle, et votre grande prêtresse vous acceptera de nouveau en son sein.

— S’il n’y avait pas une nonne parmi nous, je vous dirais ce que vous pouvez en faire, de votre foutu sein ! lança Aphrodite.

— Ce n’est pas Zœy qui s’est détournée de Nyx, déclara Erin.

— C’est vous, continua Shaunee, et nous le savons tous, même si Zœy a été la première à s’en rendre compte.

— Ne voyez-vous pas que son influence maléfique a dévié votre jugement ? fit Neferet avec une tristesse feinte.

— Et qu’est-ce qui a dévié le mien, alors ? demanda sœur Marie Angela. Je connais à peine cette enfant. Ses paroles n’ont pu m’influencer, ni me faire imaginer le mal qui émane de vous.

— Pauvre humaine imbécile ! Il est normal que vous voyiez le mal en moi. Ma déesse est la Nuit personnifiée ! cracha Neferet.

« Tiens, le vernis commence à se fendiller », me dis-je. Comme la sérénité de la religieuse n’était pas une façade, son attitude ne changea pas d’un pouce.

— Non, je connais Nyx, et bien qu’elle incarne la Nuit, elle ne fait pas le commerce du mal. Soyez honnête, prêtresse, et admettez que vous avez rompu avec votre déesse au profit de cette créature. Je te reconnais, géant ! Et au nom de notre Dame, je vais te dire des mots que tu as déjà entendus : quitte cet endroit et rejoins le royaume dont ta es tombé. Repens-toi. Alors, peut-être, pourras-tu vivre au paradis pour l’éternité.

— Silence, femme ! hurla Neferet, qui avait abandonné tout semblant de calme. C’est un dieu descendu sur terre. Tu devrais le vénérer à genoux.

Kalona partit d’un rire sinistre, qui déclencha les sifflements des Corbeaux Moqueurs.

— Mesdames, ne vous déchirez pas pour moi. Je suis un dieu ! Il y en aura pour tout le monde.

Il s’adressait à Neferet et à la nonne, pourtant ses yeux ambrés ne m’avaient pas quitté un instant.

— Je ne serai jamais avec vous, lui dis-je. J’ai choisi ma déesse, et vous êtes à l’opposé de tout ce qu’elle représente.

— Ne va pas t’imaginer que…, commença Neferet, mais Kalona la fit taire d’un geste.

— A-ya, tu te méprends sur mon compte ! Cherche au fond de toi la jeune vierge qui a été créée pour m’aimer.

Il y eut des remous dans le petit groupe derrière moi, et je sentis que quelqu’un pénétrait dans notre cercle, ce qui ne pouvait arriver qu’avec l’autorisation de la déesse. J’étais cependant incapable de me retourner et de m’arracher au regard magnétique de Kalona.

Alors, une main se glissa dans la mienne, et l’amour rompit le sortilège. Je regardai ma grand-mère, assise dans un fauteuil roulant que Heath avait poussé jusqu’à moi. On aurait dit qu’elle revenait de la guerre : elle avait le bras dans le plâtre, un bandage autour de la tête, le visage contusionné et enflé. Néanmoins, son sourire n’avait pas changé, ni le doux son de sa voix.

— Il paraît que tu as besoin de moi, u-we-tsi-a-ge-ya ?

— Grand-mère !

Je pressai sa main et jetai un coup d’œil à Heath, qui me lança avec un sourire confiant :

— Vire-le à coups de pied aux fesses, Zo !

Sur ce, il alla rejoindre Erik et Darius.

Pendant ce temps, Grand-mère avait réussi à se lever.

Elle fit quelques pas en avant, sans quitter des yeux les arbres infestés de Corbeaux Moqueurs.

— Oh, fils de mes aïeules ! s’écria-t-elle d’une voix aussi sonore qu’un tambour tribal. En quoi vous a-t-il transformés ? Ne sentez-vous pas le sang de vos mères qui coule dans vos veines ? Ne savez-vous pas que vous leur brisez le cœur ?

Plusieurs oiseaux détournèrent la tête, comme s’ils n’osaient pas la regarder en face. Dans les yeux de certains, la lueur rouge s’éteignit, laissant place à une peine et un trouble typiquement humains. Je suivais la scène, le souffle coupé.

— Silence, Ani Yunwiya ! explosa Kalona.

Grand-mère pivota vers lui.

— Je te vois, Ancien. Ta mésaventure ne t’a donc rien appris ? Va-t-il encore falloir que des femmes se réunissent pour te vaincre ?

— Essayez seulement, Ghigua ! Vous verrez qu’il n’est plus aussi facile de me piéger.

— Alors, nous attendrons que tu te pièges toi-même, comme la dernière fois. Notre peuple est très patient.

— Cette A-ya est différente, déclara Kalona. Son âme m’appelle dans ses rêves. D’ici peu, son corps éveillé m’appellera à son tour, et je la posséderai.

— Non ! m’exclamai-je. Croire que vous pouvez me posséder, comme un vulgaire objet, est votre première erreur. Mon âme est attirée vers vous, admis-je enfin, puisant une force étonnante dans mon honnêteté. Mais comme vous le dites vous-même, je suis une A-ya différente, douée de libre arbitre, et j’ai décidé de ne pas céder à l’obscurité. Alors, voilà ce que je vous propose : prenez Neferet et les Corbeaux Moqueurs avec vous, et partez loin d’ici.

— Ou… ? me défia-t-il, amusé.

— Ou, pour reprendre les termes de mon consort humain, je vais vous virer à coups de pied aux fesses.

Son sourire s’élargit.

— A-ya, je ne projette pas de quitter Tulsa. Il se trouve que j’aime beaucoup cette ville.

— Alors, vous serez le seul responsable de votre malheur, dis-je en me tournant vers les femmes assemblées autour de moi. Le poème dit : « Alliés non pour conquérir / Mais pour bannir ». Je suis la Nuit. Je vous ai conduites à sœur Marie Angela, l’Esprit.

Je pris la main de la religieuse.

— Lucie, tu es le Sang. Aphrodite, l’Humanité.

Lucie et Aphrodite s’approchèrent de la nonne et formèrent une chaîne.

— Qu’est-ce qu’elles font ? lança Neferet en fonçant sur nous.

— A-ya ! Quelle sottise manigances-tu ? lâcha Kalona, qui n’avait plus l’air de s’amuser.

— Et maintenant la Terre, dis-je en tendant la main à ma grand-mère.

— Ne laissez pas la Gighua se joindre à elles ! s’écria Kalona.

— Stark ! Tue-la ! ordonna Neferet. Tue Zœy ! Pas d’erreur, cette fois, vise le cœur !

Je regardai mon combattant dans les yeux. L’aura noire qui enveloppait Neferet s’étendit jusqu’à lui, s’enroulant autour de ses chevilles, remontant le long de son corps… Je voyais qu’il luttait de toutes ses forces contre l’emprise qu’elle avait encore sur lui. Je retins la respiration : son serment suffirait-il à rompre ce lien ? Avais-je commis une erreur en lui accordant ma confiance ?

— Non ! rugit Kalona. Ne la tue pas !

— Je ne te partagerai pas ! hurla Neferet, qui me paraissait plus grande à chaque instant. Stark, par le pouvoir avec lequel je t’ai réveillé, je t’ordonne d’atteindre ta cible. Transperce le cœur de Zœy !

Comme je ne le quittais pas des yeux, essayant de le convaincre par le regard de choisir le bien, je vis le moment exact où il trouva une échappatoire.

Notre conversation dans la petite pièce du complexe sportif me revint en mémoire : « … Tu possèdes mon cœur », « Alors, on a intérêt à faire attention, tous les deux. Ce n’est pas évident, de se passer de son cœur. »

— Je ne manquerai pas ma cible, dit-il, ne s’adressant qu’à moi, le cœur de ma Dame, que je porte en moi comme s’il était le mien.

Aussitôt, les ombres qui étreignaient son corps se dissipèrent et je compris ce qu’il allait faire.

Il pointa son arc sur moi et tira. Air, Feu, Eau, Terre, Esprit ! criai-je, affolée. Entendez-moi ! Empêchez cette flèche de le toucher !

Je ne m’étais pas trompée : le projectile venait soudain de changer de direction, filant droit sur Stark. Il n’était qu’à quelques centimètres de sa poitrine lorsque les éléments le désintégrèrent avec une telle violence que mon combattant fut projeté en arrière.

— Sale petite morveuse ! siffla Neferet. Tu ne l’emporteras pas si facilement !

Sans me soucier d’elle, je tendis de nouveau la main à ma grand-mère en répétant le dernier vers du poème.

— Ne le maudissez pas, nous conseilla sœur Marie Angela avec une quiétude surnaturelle. Cela ne le touchera pas, il en a trop l’habitude.

— Une bénédiction, alors ? suggéra Lucie.

— Oui, les gens remplis de haine sont démunis face à l’amour, dit Aphrodite en me faisant un petit sourire.

— Bénis-le, Grand-mère. Nous nous joindrons à toi.

La voix de ma grand-mère s’éleva alors, amplifiée par le pouvoir de l’Esprit et du Sang, de la Nuit et de la Terre, tous réunis par l’amour de l’Humanité. Elle commença à réciter une ancienne bénédiction cherokee qui m’était si familière que j’eus l’impression de rentrer chez moi.

— Kalona, mon u-do, mon frère, que les vents tièdes du paradis soufflent doucement sur ta maison…

Nous répétâmes ces mots toutes les deux.

— Et que le Grand Esprit bénisse tous ceux qui y entrent…

Cette fois, Damien et les Jumelles se joignirent à nous.

— Que tes mocassins laissent des empreintes dans les neiges de nombreux hivers…

Toutes les personnes présentes dans notre cercle reprirent ses paroles ; j’entendis même un écho derrière nous. Je me retournai : les bénédictines avaient quitté leur sanctuaire pour ajouter leurs prières aux nôtres.

Lorsque Grand-mère prononça la dernière phrase, sa voix débordait tellement d’amour, de joie et de chaleur que j’eus les larmes aux yeux.

— Et que l’arc-en-ciel effleure toujours ton épaule…

Alors, Kalona, qui s’était arrêté, titubant, à quelques pas de nous, poussa un cri d’agonie. Neferet, elle, avait le visage déformé par la haine.

Il tendit la main vers moi.

— Pourquoi, A-ya ?

Je fixai ses yeux magnifiques et lui dis la vérité.

— Parce que je choisis l’amour.

Un fil de lumière argentée et aveuglante jaillit de moi et emprisonna Kalona et Neferet dans un nœud coulant, qui commença à se resserrer. Il s’agissait non seulement du pouvoir des éléments, mais aussi de celui de la Nuit, du Sang et de l’Humanité.

Avec un hurlement inhumain, Kalona recula en vacillant. Neferet cria et s’accrocha à lui. Sans me lâcher du regard, il la prit dans ses bras, déplia ses ailes couleur nuit et s’envola. Il resta un moment au-dessus de nous, comme s’il luttait contre la force de gravité. Alors, le fil argenté se tendit, puis se détendit comme un élastique, et les projeta très haut dans les airs. L’homme ailé et la grande prêtresse déchue s’enfoncèrent dans les nuages, suivis d’une cohorte de Corbeaux Moqueurs affolés.

A ce moment précis, je sentis une brûlure familière sur ma poitrine et je sus que, la prochaine fois que je me contemplerais dans un miroir, je verrais une nouvelle Marque, entrelacée à ma cicatrice.

[La Maison de la Nuit 05] Traquée
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